Entretien avec Sandrine Aufray, responsable TIC au ministère de la défense (SGA/DMPA)
Échange réalisé dans le cadre du Forum des archivistes en 2013.
1 égal 2 a remporté le marché de refonte du portail « Mémoire des hommes ». Qu’est-ce qui vous a conduit à tout remettre à plat ?
Inauguré le 5 novembre 2003 avec la mise en ligne de la base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale, le site " Mémoire des hommes " n’a cessé depuis de s’enrichir (nouvelles bases nominatives, journaux des unités de la Grande Guerre, archives de la Compagnie des Indes au XVIIIe siècle. Le succès du site auprès des généalogistes et les passionnés d’histoire militaire et historiens ne s’est jamais démenti. Aujourd’hui, /Mémoire des hommes/ enregistre quelque 110 000 connexions mensuelles, pour 800 000 fiches nominatives et 4 millions de pages de JMO vues. L’approche du centenaire 1914-1918 contribue à une augmentation sensible des visites. En parallèle, la DMPA est très régulièrement sollicitée par les collectivités locales qui souhaitent mener un travail de mémoire concernant les soldats originaires de leur territoire et décédés au cours de ce conflit.
Au plan technique, le portail a été développé de façon empirique, se traduisant par de nombreux développements informatiques différents qui rendent l’administration difficile. Aussi, il a été décidé de procéder à une refonte complète du site. Les travaux comprennent : la reprise des fonds existants, la mise en ligne de nouvelles bases et de nouveaux fonds, consacrant la double vocation du portail : à la fois site mémorial virtuel et site de référence pour la mise en ligne d’archives numérisés, quelles que soient les périodes.
Pour résumer, le site comprend actuellement une masse considérable d’informations et de nouveaux très nombreux autres fonds seront mis en ligne avec le chantier de refonte
Parallèlement, nous voulons, avec la refonte offrir de nouvelles fonctionnalités aux internautes comme par exemple la mise à disposition d’une visionneuse de documents unique en remplacement des 3 différentes utilisées par le site actuel. Nous voulons également permettre une recherche fédérée à travers toutes les bases nominatives et fonds. Le nouveau portail devra également mettre à la disposition systématique des internautes, un panier du lecteur avec conservation des éléments et historiques de la recherche, enfin, il offrira la possibilité de participer à l’indexation collaborative. Cette dernière fonctionnalité, étant de plus en plus présente sur les sites de mise en ligne des fonds d’archives numérisés et qui participe au développement du web 2.0 sera déployée progressivement. Au plan technique, les données seront restructurées et encodées selon les standards (XML-EAD et Dublin Core) afin de pouvoir être moissonnées par des portails (selon le protocole OAI-PMH), à commencer par le portail Généalogie du site du ministère de la culture qui permet d’ores et déjà d’interroger la base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale, mais aussi à terme le portail européen d’archives publiques.
Vous avez déjà utilisé Arkothèque pour la mise en ligne de la base Guerre de Corée. Que pouvez-vous nous en dire ?
À l’occasion du 60e anniversaire des combats qui se sont déroulés au cours de la Guerre de Corée (1950-1953), la direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (DMPA), en partenariat avec le Service historique de la Défense (SHD) et l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), a souhaité mettre en valeur et rendre accessible à un plus large public, les sources disponibles sur ce conflit peu connu, qui peut par ailleurs être considéré comme la première intervention internationale sous mandat ONU.
L’ONU prend la décision en juin 1950 d’envoyer des forces militaires pour aider l’armée sud-coréenne attaquée par la Corée du Nord. La participation française se traduit alors par la constitution d’un bataillon composé uniquement de volontaires, le Bataillon français de l’ONU (BF/ONU). 1 300 engagés débarquent à Pusan en novembre 1950. Trois bataillons se succèdent de novembre 1950 à novembre 1953, date du retrait des troupes françaises de Corée.
Les faits d’armes du bataillon, bien que composé d’un nombre limité de soldats, ont contribué à donner à cette participation un rayonnement particulier)
Ainsi, très prochainement, en complément de la base des militaires décédés au cours de la guerre, le site Mémoire des hommes, permet la consultation sous forme numérisée des journaux des marches et opérations du BF/ONU.
Il est également possible de situer et d’interroger sur une carte interactive les différents lieux de décès des soldats, lieux, zones et principaux théâtres d’opérations où a combattu le BF/ONU, avec un mode de représentation permettant une mise en contexte historique des batailles.
Il s’agit d’une base de données nominative détaillée, interrogeable soit de manière classique à partir du formulaire d’interrogation, soit via la carte interactive sur laquelle les principaux théâtres sont pointés. L’internaute peut à tout moment revenir à l’une ou l’autre partie du site.
Cette réalisation est plus élaborée que pour les autres conflits et le graphisme, attractif et moderne. Cette réalisation préfigure la refonte générale du site et donne une idée de ce que sera le nouveau portail, dont la mise en ligne sera effective pour le 11 novembre prochain.
Les travaux de refonte seront conduits tout au long du 1er semestre 2013. Le choix d’un progiciel a été fait, d’une part pour optimiser et rendre possibles simples et optimisées, les mises à jour des bases et des contenus éditoriaux, mais également d’être prêt pour une opération de communication d’envergure à l’occasion du 11 novembre 2013 qui correspondra également aux 10 ans du site, ce qui rendaient très risqué et très onéreux des développements spécifiques. C’est la raison pour laquelle, nous souhaitons utiliser des modules « standard » d’un progiciel, utilisés et « éprouvés » par de nombreux autres services d’archives.